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La Grande Reconstruction, Arras, ville nouvelle !

La Grande Reconstruction, Arras, ville nouvelle !

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Le tourisme des ruines

Le tourisme des ruines

Devant les ruines de l'Hôtel de Ville. (source : collection privée)

 

 

(fonds documentaire Alain Jacques)

 

Ces personnes endimanchées visitent-elles la ville en ruines, Grand’ Place ? (source : collection privée)

 

rue de la Taillerie. (source : collection privée)

 

Le Comité de tourisme, place de la Gare, mars 1924. (source : Gallica, agence Rol)

 

Le Comité de tourisme. (source : collection Archives de la Planète - Musée Albert Kahn/département des Hauts-de-Seine, Frédéric Gadmer)

 

Affiche éditée par la Compagnie du Chemin de fer du Nord, 1920 (source : openarchives.sncf.com).

 

Les premiers "touristes" visitent les villes dévastées le 11 mai 1919. Un train spécial, ayant à son bord 750 personnes, traverse les champs de bataille et s'arrête dans les villes martyres. Le journal l'Excelsior s'en fait l'écho dans son édition du 12 mai.

 

Prospectus-horaires du premier train de pèlerinage dans les régions dévastées circulant à partir du 11 mai 1919 sur le réseau du Nord. (source : Archives nationales du monde du travail, fonds de la Compagnie du chemin de fer du Nord, photographie Piernas Gersende)

 

Le Lion d'Arras n° 130, 6 mars 1919.

 

Le Lion d'Arras n° 125, 30 janvier 1919.

 

 

L'Excelsior, 12 mai 1919. (source : Bibliothèque nationale de France)

 

Dans la cathédrale. (source à préciser)

 

On compte pour l'année 1919 51 585 voyageurs.

Pour les proches des soldats décédés, un voyage par an est gratuit dès 1921.

A défaut de wagons-lits et hôtels dans les villes visitées, la Compagnie du chemin de fer du Nord installe entre juillet 1920 et septembre 1921, sur ordre du ministre des Travaux publics, dans la cour intérieure de la caserne Lévis à Arras [emplacement de l'actuel lycée Carnot] un train hôtel américain composé de 17 voitures.

L’historien Ernest Lavisse met en garde : « Il ne faut pas que les champs de batailles ressemblent à des champs de foire. Trop de larmes ont coulé, trop de sang. »

Plan au sol de l'installation des wagons-lits, Archives nationales du monde du travail, fonds de la compagnie du chemin de fer du Nord, photo Piernas Gersende

 

Le parcours dans la ville s'effectue dans des voitures baladeuses. La Compagnie du Nord précise dans un encart publicitaire en date du 26 avril 1919 : « Le parcours ayant lieu dans des voitures baladeuses, couvertes seulement d'un toit parapluie, M.M. Les Voyageurs sont expressément invités à se vêtir en conséquence. Ils devront emporter avec eux leur déjeuner. Il sera difficile d'acheter à Arras autre chose que de la boisson. »

(source : article "Les pèlerinages dans les régions dévastées du nord de la France organisés par la Compagnie du chemin de fer du Nord au lendemain de la Première Guerre mondiale", Gersende Piernas)

 

 

affiche éditée par le comité de tourisme d'Arras en 1919.

 

En 1920, les Guides Michelin éditent Arras et les batailles d’Artois.

 

D'autres guides sont édités, moins connus :

L'entreprise de pneumatiques Goodrich

 

Pour se rendre d'Arras à Notre-Dame-de-Lorette un train est établi en réutilisant une voie de 0.60 anglaise, puis un service d'autocars est proposé. (source : archives départementales du Pas-de-Calais)

 

vers 1919. (source : archives départementales du Pas-de-Calais)

 

L’éditeur arrageois E. Davrinche publie ce guide-souvenir en 1919.

 

La Compagnie de chemin de fer du Nord édite également un guide ; le misérabilisme et le mythe des habitants vivant dans leur cave sévissent : « Voyez les malheureux évacués de ces villes martyres, rentrés par amour du foyer natal dans leurs caves. Alors seulement vous sentirez pénétrer au fond de votre coeur la pitié profonde qu'ils méritent. » 1

1 - Cité dans : La Grande Reconstruction, reconstruire le Pas-de-Calais après la Grande Guerre, Archives départementales du Pas-de-Calais, 2000, page 35

Si les premières visites dans les villes dévastées sont organisées par la Compagnie du chemin de fer du Nord, elles furent par la suite aussi proposées par des entreprises de transports par autocars. Nous pensons que cette carte postale montre l'une d'entre elles.

 

19 juin 1924. Des canons allemands ayant bombardé Arras sont installés place de la gare par le Comité de tourisme. (source : Collection Archives de la Planète - musée Albert Kahn/département des Hauts-de-Seine, Frédéric Gadmer)

 

🔵 Le journal Le Beffroi d'Arras titrait dans son édition du 20 juillet 1922 : " Et nos canons ??? ". Nous en reproduisons le texte :

 

 

Le dimanche 22 juillet 1917 – il y a cinq ans – un général anglais, au nom de son Gouvernement et du maréchal sir Douglas Haig, remettait huit canons allemands à la ville d’Arras. De son discours, extrayons ces lignes :

« … La ville d’Arras peut être fière de conserver POUR TOUJOURS ces engins de destruction qui ont si longtemps semé la mort et la ruine dans la malheureuse cité dont les splendides monuments ne sont plus que des décombres à la honte de l’Allemagne.

Ces pièces seront à JAMAIS les témoins des souffrances que les habitants d’Arras ont supportées avec tant de calme et de patience, ainsi qu’une preuve de la puissance de l’Alliance Franco-Britannique.

Monsieur le Maire, c’est avec grand plaisir que je vous remets ces canons. »

 

Et Le Lion d’Arras, inoubliable journal du siège, dans son numéro du 5 août suivant, publiait un article de M Anselin où nous lisions :

« … Pour finir, une brillante cérémonie vivifiait nos espérances.  Un général anglais remettait solennellement à M. le Maire d’Arras, huit des canons pris à l’ennemi ; une excellente musique anglaise exécutait les hymnes nationaux français et anglais que la nombreuse assistance écoutait avec un pieux recueillement et applaudissait avec un patriotique enthousiasme, pendant qu’un avion boche survolait la réunion : il voulait sans doute contempler une dernière fois ses canons perdus car Arras gardera amoureusement et jalousement ce souvenir de la vaillance et de la générosité britanniques. Arras, suivant sa glorieuse devise, ne rendra maintenant ces canons, que quand les rats mangeront les chats. »

 

Une fois encore la question est posée : que sont devenus ces trophées historiques remis solennellement, à notre ville, par un général allié, au nom de son Gouvernement, pour demeurer chez nous ?

Que sont devenus les HUIT canons allemands de la ville d’Arras ?

                                                                                                           R. d’A.

 

P.S. – Ne pas confondre : les canons allemands installés sur la place de la Gare n’appartiennent pas à la ville d’Arras.

 

🔵 Le journal Le Lion d’Arras du 25 juillet 1917 nous apportait déjà cette indication : « Aux principales pièces, nos alliés ont fixé une plaque de cuivre portant en relief les indications du jour et du lieu où elles ont été capturées, avec la désignation de l’unité victorieuse. » 

 

🔵 L’édition du 27 juillet 1923 du Beffroi d'Arras précisait : « Nos canons sont à Vincennes ; après avoir garni la place de la Concorde un jour du défilé de la victoire, ils furent relégués dans un coin d’arsenal. Maintenant tenez-vous bien afin de ne pas tomber de frayeur : nos canons sont à notre disposition : il nous suffit simplement de payer les frais de leur retour !!! »

 

🔵 Le Beffroi d'Arras, 18 juillet 1924 :

 

🔵 Dans le dernier numéro du Beffroi d’Arras en date du 6 novembre 1925, Robert d’Artois concluait sa rubrique Propos d’un Arrageois ainsi : « Il y a encore un train salissant notre Grand’ Place… des canons à faire revenir chez nous… et combien d’autres choses encore ! »

 

🔵 Ces canons ont-ils été présentés aux Invalides à Paris ?

A partir de 1915, sont réunis dans la cour d’Honneur des Invalides des armes et engins pris aux Allemands. La foule pouvait observer ces trophées, ici des canons de 77 mn et des avions comme ce Taube à l’arrière-plan. (source : Musée de l’Armée)

 

🔵 Nos courriers au Musée de l’armée à l’Hôtel national des Invalides ainsi qu’au Service historique de la Défense du Château de Vincennes nous informent que nos fameux canons n’y sont pas conservés…

 

Le maire d'Arras s'adresse au Maréchal Haig

article "Les pèlerinages dans les régions dévastées du nord de la France organisés par la Compagnie du chemin de fer du Nord au lendemain de la Première Guerre mondiale" par Gersende Piernas