Les dégâts causés par faits de guerre aux égouts de la Ville
Les dégâts causés par faits de guerre aux égouts de la Ville
Réparer
Un rapport note que le réseau d’égouts était en 1914 en parfait état d’entretien, puis il dresse le constat suivant : « Les dégâts constatés proviennent en partie du défaut d’entretien pendant les 5 années de guerre, mais principalement des travaux exécutés par l’Armée dans ces égouts pour leur utilisation au point de vue de la défense, tels que passage de troupes, de fils téléphoniques, entrées des sapes et galeries souterraines, abris, etc... » (15 décembre 1920)
Les dégâts et les transformations opérés ont eu pour résultat de provoquer un envasement général des canalisations. Des travaux de curage ont eu lieu en 1922 permettant le dégagement des principales branches du Crinchon, particulièrement obstruées. « Ces premiers travaux ont eu pour effet de faire baisser sensiblement le niveau de l’eau dans toute la basse Ville et de mettre les propriétés riveraines à l’abri d’une inondation.
Certains quartiers de la Ville et en particulier la rue Méaulens (côté Nos impairs) sont encore menacés par suite du défaut d’écoulement des eaux de ruissellement. La situation actuelle est donc un danger constant et nous estimons que le curage définitif de l’ancien lit du Crinchon doit être entrepris de toute urgence. » (Rapport sans date)
Ainsi le curage, en plus de l’enlèvement des boues, immondices ou décombres, prévoit celui des câbles électriques. Des travaux sont prévus dans des galeries infectées et manquant d’air ; la boue est chargée à la brouette.
Les travaux de curage sont exécutés du 2 mai au 14 août 1923 pour un montant de 114 561 francs, couverts par les indemnités de dommages de guerre.
L’évaluation des dégâts causés aux égouts est arrêtée à la somme de 1 379 292 francs. (Rapport sans date).
Reconstruire et innover
La loi Cornudet du 14 mars 1919 demande aux communes d’établir un programme déterminant « les prévisions concernant la distribution d’eau potable, le réseau d’’égout, l’évacuation et la destination finale des matières usées et, s’il y a lieu, l’assainissement du sol. »
Le réseau d’égouts est incomplet et défectueux. Le remaniement d’une partie de ce réseau et son extension ainsi qu’une installation d’épuration biologique sont envisagés.
«La loi du 17 avril 1919 dit dans son article 62 que les dépenses d’améliorations à l’hygiène publique faites à l’occasion de la reconstruction des villes sont à la charge de l’Etat.» (M. Delattre, rapporteur du projet d’alignement, d’aménagement et d’extension de la Ville, Conseil municipal du 16 mars 1923).
Ces dépenses sont partiellement couvertes par le produit des jeux.
Un courrier du Préfet adressé à M le Maire d’Arras souligne que les subventions de l’Etat permettront de reconstruire les immeubles détruits suivant les données de l’hygiène moderne. (courrier sans date, Archives départementales du Pas-de-Calais, 2 O 390 / 2)
Un rapport de l’inspecteur d’hygiène approuve le projet municipal concernant le traitement des eaux : « [Le système proposé] est basé sur le principe séparatif absolu, il est établi de manière à satisfaire au principe d’évacuation des eaux vannes en vase clos et sa construction permet le curage automatique des canalisations sans avoir à recourir à de nombreuses et importantes chasses d’eau, ou à des curages nécessitant des ouvertures à l’air libre.
Toutes les eaux vannes de la ville seront réunies dans une usine de relèvement d’où elles seront conduites à une usine épuratoire installée en bordure et au Nord du boulevard de la Scarpe, à l’Est des magasins généraux. » (23 avril 1924, Archives départementales du Pas-de-Calais)
La reconstitution du service des eaux
Liliane Franck note :
« Dès le début du bombardement de l'agglomération, le chauffeur Daumalle (chauffeur de la machine à vapeur) sera tué à l'usine, tandis qu'un autre agent de la Compagnie, Monsieur Depardieu, parviendra à faire fonctionner les installations au péril de sa vie, les projectiles tombant de tous côtés. La "conduite louable du personnel d'Arras" sera du reste notée par le Conseil d'Administration et donnera lieu à de nombreuses gratifications. Quant au réseau, il sera sévèrement endommagé et le commandement militaire prendra le service en main, recourant à des agents de la Générale des Eaux mobilisés aux armées. C'est la SADE qui, en 1920, sera appelée à remettre les canalisations en état, ce qui ne se fera pas aussi rapidement que souhaité, faute d'avance de fonds par l'Etat... » 1
Le Commandant d’armes de la ville en 1918 – M Dumand – a gratuitement assuré l’alimentation d’eau pendant l’année 1919 en attendant la reprise normale du service des eaux.
Le service des archives ne conserve qu’un seul document concernant la reconstitution du service des eaux. Une avance de 150 000 francs en dommages de guerre est fixée en faveur de la Ville le 3 août 1921. Cette prévision s’applique au remplacement et à la remise en état des appareils publics, aux branchements d’urinoirs et canalisation des squares. Nous supposons que la canalisation des squares servait à l’alimentation en eau des bornes-fontaines. Avant ces travaux, pour les canalisations détruites, l’alimentation en eau a dû se faire grâce à des tuyaux agricoles en surface.
L’extension du réseau de distribution aux nouveaux quartiers de la Ville et l’amélioration de ce réseau dans les anciens quartiers sont entrepris dès 1925, sur des dommages de guerre, pour un montant de 1 303 000 francs. Les réservoirs de Baudimont et de Saint-Sauveur (aujourd’hui appelé réservoir de Saint-Quentin, rue Emile-Zola) sont construits : la cuve - sur une tour de 12 mètres - a une capacité de 500 m3.
ci-dessous : Les réservoirs de Baudimont et de Saint-Sauveur - Amélioration du service des eaux, distribution service haut, échelle 1/5000e, 20 mai 1925 (détails)
1 - Liliane Franck, Eau à tous les étages, 1999, édition à compte d'auteur, p. 253
« Il existait aussi un puits banal sur la Petite-Place ; il était situé auprès de la Chapelle des Ardents ; il fut démoli en 1707, et fut remplacé au commencement de ce siècle, par une pompe qui elle-même a disparu. »
Adolphe de Cardevacque, Les Places d’Arras, 1881, Phénix Editions, p. 38
La reconstitution de l'éclairage public
La Ville élabore un projet de rétablissement de l’éclairage public par le gaz et l’électricité. En mars 1924 la Société Artésienne de Force et Lumière est chargée de l’installation de 209 candélabres et de 92 consoles fonctionnant au gaz pour un montant de 285 736 francs. En août de la même année la Ville se dote également d’un éclairage public à l’électricité avec 400 lanternes sur candélabres et 200 lanternes sur consoles pour un montant de 399 691 francs.
Ci-dessous : éclairage public par le gaz, plan de situation des lampes, échelle 1/5000e, 28 novembre 1923 (détails : le centre-ville et le faubourg Saint-Sauveur)
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