« Une première église fut construite au XIIe siècle sur le bastion Saint-Nicolas. Démolie en 1564, elle fut reconstruite à l'emplacement de l'église actuelle sous le vocable de Saint-Nicolas-des-Fossés. Transformée en temple de la Raison, c'est la seule qui passa le cap de la Révolution, toutes les autres églises d'Arras furent rasées.
En 1803, elle devint cathédrale provisoire sous l'appellation de Saint-Jean-Baptiste et le resta jusqu'en 1833 quand l'évêque reprit possession de la cathédrale Saint-Vaast, enfin achevée. L'église redevint paroissiale et garda son vocable. » 1
1 - site : Arras, église Saint-Jean-Baptiste
Tour de l'église avant la Première Guerre mondiale - portail en 1914 - portail en 1920 - photographies de Joseph Quentin
(source : Section photographique de l’armée / bibliothèque numérique de Lyon)
1918 (source : Ministère de la Culture, Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, dist. RMN-GP)
« L’église Saint Jean Baptiste était le centre de la vie religieuse d’Arras.
Seule des nombreuses Eglises de la Cité, elle existait depuis le XVIe siècle.
Elle avait remplacé une Eglise du XIIIe siècle déjà auréolée de traditions et d’histoire. Un grand nombre d’épitaphes, de dédicaces, de sépultures s’y étaient accumulées.
Elle fut église cathédrale, depuis la destruction, par la Révolution de la cathédrale du XIIIe siècle jusqu’à l’achèvement, en 1833, de la cathédrale actuelle.
Chaque famille y retrouvait de précieux souvenirs. Elle était l’église préférée. Les offices y étaient célébrés avec plus d’éclat qu’à la cathédrale même. » (Rapport sur l’édifice détruit et les besoins auxquels il répondait, Henri Mazet, architecte, 25 avril 1923).
Le 10 juillet 1915, l’église est bombardée ; un incendie se déclare. Les pompiers Wacquez et Glasson meurent en luttant contre les flammes. Ils ont donné leur nom à la rue qui dessert l'église.
Un devis de quatre-vingt-trois pages descriptif et estimatif de dommages de guerre immobiliers est dressé en 1920 par l’architecte Henri Mazet (Arras et Paris). Un paragraphe concerne l’état des dommages :
« L’Eglise Saint-Jean-Baptiste est complètement détruite.
Le déblaiement complet jusqu’aux fondations à [sic] été jugé nécessaire et même urgent par la Commission de démolition d’Arras.
Sur la façade Nord seulement l’escalier en tourelle qui conduisait aux combles peut être conservé comme témoin et peut-être utilisé pendant les travaux de reconstruction.
Le déblaiement n’a pas encore été sérieusement entrepris, mais il a été possible d’établir un plan précis et de reconstituer des coupes de façades d’après les ruines et les photographies, car il n’existe aucun relevé de cette église.
Les dommages de guerre de l’église Saint-Jean-Baptiste sont en partie inestimables.
Le mobilier n’a pu être sauvé, les orgues, les autels, les lambris, les confessionnaux du 18ème siècle, chaire et autres sont complètement détruits.
Les carrelages des sols sont défoncés par la chute de voûtes combles et piliers intérieurs ainsi que du clocher.
Deux cloches, dont le bourdon ont été retrouvées à peu près intactes dans les décombres, les deux autres cloches ont été détruites, mais un poids de 900 kilogs de bronze à [sic] été mis en dépôt.
Quelques marbres seuls des autels de la Sainte-Vierge et de Saint-Joseph ont pu être descellés et rangés ainsi que les grilles latérales du chœur en fer donnant sur ces autels.
Les vitraux sont entièrement détruits. »
Un devis de cent-cinquante-deux pages établi en 1923 porte le montant de la reconstruction à 6 657 607 francs.
Les travaux sont conduits par les architectes Henri Mazet et Maurice Mulard. La reconstruction de l’édifice se fait sur ses anciennes fondations. Le clocher est conservé à son emplacement d’avant-guerre.
La réception définitive des travaux a lieu le 28 avril 1932.
L’architecte représente sur ces plans l’église avant sa destruction.
Premiers plans, Henri Mazet, architecte. (source : archives municipales)
Trait rouge : limite du terrain en 1914.
mention manuscrite : « les contreforts du fond peuvent être supprimés sans inconvénients »
Les Christs du Corcovado et de l'église Saint-Jean-Baptiste
A l’église Saint-Jean-Baptiste nous pouvons contempler une statue du Sacré-Cœur, dans le chœur, derrière la fresque de Charles Hollart. Elle serait l’œuvre du statuaire Jules Déchin, suite à un marché conclu avec la Ville en 1934. On est frappé par la ressemblance de cette statue avec celle du Christ Rédempteur du Corcovado à Rio de Janeiro… Un trouble surgit quand on connaît ce qui unit la célèbre statue et notre Hôtel de Ville. Leur consanguinité est due à l’ingénieur Albert Caquot, auteur de la structure en béton armé des deux édifices.
La statue du Christ Rédempteur du Cordovado est inaugurée le 12 octobre 1931, notre Hôtel de Ville le 21 août 1932 ; Jules Déchin en réalisant la sculpture de l’église Saint-Jean-Baptiste après ces deux dates, a-t-il voulu rappeler le lien qui unit Rio de Janeiro et Arras grâce à l’illustre ingénieur et lui rendre hommage ? (Albert Caquot a été célébré par l’Académie des Sciences dont il était membre, comme étant « le plus grand des ingénieurs français vivants » pendant un demi-siècle).
Les sculptures extérieures sont l’œuvre de M. Richard (2018).
Commenter cet article